Le service Bing Maps, équivalent Google Maps de chez Microsoft, empêche délibérément les visiteurs Android et iOS d’utiliser son service. Il semble en être de même pour Apple qui redirige vers Google Maps quand l’internaute n’utilise pas un appareil à son goût.

Pour un GAFAM qui devrait chercher à augmenter ses parts de marché, c’est un choix surprenant. Mais c’est aussi un déni de libre-arbitre.

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Le comportement étrange de Bing Maps

Le service Bing Maps possède une API documentée qui permet d’intégrer des paramètres d’URL pour constituer un lien vers un itinéraire ou vers une carte avec marqueurs. C’est une fonctionnalité basique pour un service de routage, qui permet par exemple de communiquer par email ou sur internet l’itinéraire entre Paris et Lyon avec Bing.

Si vous cliquez sur ce dernier lien ci-dessus avec un ordinateur fixe, vous pourrez probablement utiliser Bing Maps.
Si vous cliquez sur ce lien depuis un smartphone Android, vous serez redirigé vers Google Maps.
Si vous cliquez sur ce lien depuis un iPhone sous iOS, vous serez redirigé vers Apple Plans.

La société Microsoft décide à votre place quand vous avez le droit d’utiliser son service, et quand vous n’en avez pas le droit. Plus gênant, elle transforme une requête explicite vers son site, en une requête vers un service concurrent sans accord de l’internaute et sans l’en informer : la neutralité du net en prend un coup.

L’internaute est considéré pour un moins-que-rien dont il convient de transformer, censurer, modifier ses requêtes sans son consentement. Cela bafoue le libre-arbitre.

La libre concurrence n’existe plus si les entreprises s’entendent entre elles pour se repasser la clientèle ou les visites.

Conséquence néfaste : il n’y a plus moyen de maitriser sa navigation et encore moins les traces laissées sur internet.

La mise en évidence

Comme indiqué ci-dessus, vous pouvez accéder à une adresse Bing Maps arbitraire depuis un smartphone Android ou iOS pour découvrir ce curieux comportement.

Si vous êtes devant un PC fixe, vous pouvez utiliser les outils pour les développeurs qui sont généralement inclus avec les navigateurs.

  • Sur Firefox il suffit de cliquer sur le menu Développement web > Vue adaptative ou encore le raccourci clavier Ctrl+Maj+M.
  • Sur Chromium il faut ouvrir les outils pour les développeurs avec Ctrl+Maj+I puis la vue adaptative avec Ctrl+Maj+M.

Là vous pourrez choisir une plateforme pour laquelle le navigateur doit se faire passer. Avec Firefox je modifie la liste déroulante « Aucun appareil sélectionné » pour « Google Nexus 7 » ou encore « Apple iPhone 6 ».

Il n’y a plus qu’à diriger le navigateur vers la fameuse URL Bing et voir.

Et chez Apple Plan ?

Vous pouvez tester en cliquant sur un lien Apple Plan. Un ordinateur sous Linux équipé de Firefox est par exemple redirigé vers Google Maps. Je n’ai pas poussé les tests très loin, ne connaissant pas bien le service d’Apple. Il me semble plus prévisible que Apple cherche à bâtir des services pour sa communauté d’utilisateurs et non le monde entier. Le moteur de recherche Bing n’a pas forcément cette réputation.

Conclusion

Dans le contexte numérique actuel les GAFAM semblent tout-puissants et ce genre de comportement n’étonne guère. Même l’utilisation de pratiques trompeuses dans le but de fabriquer un consentement utilisateur n’étonne guère (voir l’action de la Quadrature du Net suite à la loi RGPD).

Cela n’est pas le premier cas étonnant à propos des services cartographiques. On se souvient des utilisateurs Windows mobile qui avaient curieusement perdu leur accès à Google Maps.

Pour des services cartographiques plus respectueux de la vie privée et de l’utilisateur, je ne peux que conseiller l’utilisation d’applications basées sur OpenStreetMap pour Android ou iOS. Par exemple l’application OSMAnd mérite un coup d’œil.